Toutes les Étoiles en parlent du 18 Mars 2010
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du 18 Mars 2010

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* Roger Knobelspiess pour son livre "Le huitième évadé"

  Cette révélation brutale de l’enfermement où on encage la vie. Ceux qui résistent, ce sont ceux qui portent en eux-mêmes une force d’amour exceptionnelle. On ne peut à ce point haïr les uniformes, les barreaux, les briques. L’auteur est un de ces hommes qui essaie de nous raconter la prison. Aujourd’hui, on ne torture plus le prisonnier enfermé, on le laisse mourir.
L'augmentation constante des suicides atteste ce désespoir sans fin.
Clairvaux, l'immense centrale pénitentionnaire destinée à remplacer ce bagne que le livre d'Albert Londre avait contribué à faire disparaître. Centrale d'où l’on ne s'évade pas! Ceux qui ont tenté de le faire l'on fait au péril de leur vie et de celles de leurs gardiens et pourtant, huit prisonniers vont parvenir à s’évader. Comment ont-ils fait ? Une fois évadé, dehors, que deviennent-ils? Comment s'en sortent-ils ? Parmi eux, le Huitième évadé. Il est le seul à réussir. A quel prix ?


Ancien braqueur reconverti dans le cinéma et l'écriture après 26 années de prison, notamment avec Jacques Mesrine, Roger Knobelspiess retrace l'évasion de l'ancien ennemi public n°1 de la prison de la Santé en 1978 dans une BD publiée avec le dessinateur Lounis Chabane.
Comme Mesrine, dont la vie est retracée dans un film en deux volets qui sort prochainement, Knobelspiess aurait pu mourir les armes à la main mais, aujourd'hui, à 61 ans, il dit avoir réussi à vivre, ou plutôt "à survivre". On ne ressort pas indemne de 26 années derrière les barreaux, souligne-t-il.
"J'ai conservé quelques séquelles neurologiques. Il m'arrive d'avoir des problèmes d'élocution et de mémoire", confie l'ancien braqueur qui a quitté l'univers carcéral en août 1990.

Depuis, Knobelspiess n'a jamais replongé. Il a écrit plusieurs livres, dont une autobiographie "Désordres de mémoire" en 2004, et tourné "des petits rôles" dans quelques films de Jean-Pierre Mocky, Bertrand Tavernier, Vincent Ravalec et Jean-François Stévenin. "J'ai même incarné un flic. J'ai aussi écrit quelques scénarios", raconte-t-il.
Avec le dessinateur Lounis Chabane, Knobelspiess raconte l'évasion de Mesrine de la prison de la Santé en 1978 ("Mesrine: L'évasion impossible", Casterman).
"On a mis dix-huit mois pour tout faire. Lounis me demandait beaucoup de détails. A sa façon, il m'a renvoyé en QHS" (quartier de haute sécurité, ndlr), soupire-t-il.
Mais il ne dira pas qui a fourni les armes et les cordes nécessaires à l'évasion de Mesrine et de ses complices car certaines personnes concernées "sont peut-être encore vivantes".
Originaire d'Elbeuf (Seine-Maritime), Knobelspiess a connu une jeunesse faite de petits vols qui coûteront la vie à son frère Jean, abattu par un commerçant pour un vol d'autoradio.
Une jeunesse qu'il raconte dans "Voleur de poules", que Lounis Chabane avait déjà adapté en BD. "La délinquance était une nécessité, je ne voulais pas être pauvre", dit-il.

 

En 1972, Roger Knobelspiess écope de 15 années de réclusion pour un braquage qu'il a toujours nié.
Gracié en 1981 par François Mitterrand, il "ne peut pas pardonner" cette "vraie erreur judiciaire". "On m'a volé toutes ces années de ma vie pour quelque chose que je n'avais pas commis", s'indigne-t-il.
Knobelspiess retournera au trou en 1983. Éternel insoumis, il est transféré dans les QHS, qu'il dénoncera dans un livre éponyme, publié en 1980 alors qu'il était toujours incarcéré et vendu à 300.000 exemplaires.
"Il fallait dénoncer ce qui se passait à l'intérieur. La torture blanche. Certains racontent aujourd'hui que ces QHS n'existent plus. Le nom, peut-être. Mais la situation est encore pire", assure l'ancien détenu.
C'est là que Knobelspiess rencontre Jacques Mesrine. "On est devenus amis, on a fondé le syndicat des évadés, nous étions unis dans la lutte contre les QHS", se souvient Knobelspiess qui a été jusqu'à se couper une phalange pour alerter les pouvoirs publics.
De Mesrine, "entré par effraction dans l'éternité", il ne fait pas un saint. "C'était un combattant. Il a défié le pouvoir et ne volait pas les pauvres", dit-il, évoquant aussi son "côté showman". "C'est peut-être pour toutes ces raisons que trente ans après son assassinat, il reste médiatique et populaire".

Condamné à quinze ans de réclusion en 1972 pour un braquage qu’il niera toujours avoir commis, gracié en 1981, Roger Knobelspiess récidivera par plusieurs hold-up dans les années quatre-vingt. Ayant passé vingt-six ans de sa vie en prison, Knobelspiess est devenu dans les années soixante-dix et quatre-vingt le porte-parole des prisonniers, dénonçant l’inhumanité d’un système carcéral français qui broie les hommes et les pousse à la récidive.

Acteur, Roger Knobelspiess a joué dans une dizaine de films (Capitaine Conan de Bertrand Tavernier, Cantique de la racaille de Vincent Ravalec…). Auteur, il a publié Q.H.S.: Quartier de haute sécurité (préface de Michel Foucault, 1980) et Mesrine, l'évasion impossible (2008) dont il signe le scénario.

 

RK